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KANLENTO-AVULETE "vaillant combattant, nous devons lutter"
18 décembre 2012

LA CONVENTION PATRIOTIQUE DES FORCES DE GAUCHE DU

LA CONVENTION PATRIOTIQUE DES FORCES DE GAUCHE DU BENIN
(Lettre ouverte)
Le Président,


A Monsieur François HOLLANDE
Président de la République Française.
Monsieur le Président,


C’est avec un sentiment contradictoire fait à la fois d’anxiété et d’espérance qu’au nom de la Convention
Patriotique des Forces de Gauche du Bénin (CPFG), je vous adresse cette lettre. C’est spécialement à
l’occasion du récent et premier déplacement que vous venez d’effectuer sur le continent africain en tant que
Président de la République Française et des propos que vous avez tenus dans les différentes étapes de Dakar
et de Kinshasa à l’occasion de la tenue du quatorzième sommet de la Francophonie.


Outre des discours sur l’Afrique comme « jeunesse du monde ou continent de l’avenir », discours sur la
démocratie et le respect des droits de l’homme comme « valeurs portées par la Francophonie », la
déclaration qui peut être considérée comme distinctive de votre gouvernement par rapport au régime de
Sarkozy est la suivante « Le temps de la Françafrique est révolu. Il y a l’Afrique, il y a la France, il y a le
partenariat entre la France et l’Afrique». Et à l’appui de votre déclaration vous avez parlé de la suppression
du Ministère de la Coopération désormais remplacé par un Ministère de Développement. Soit. Je veux bien
croire. Les peuples africains veulent bien croire.

Mais je voudrais simplement faire remarquer que de tels
propos ont été déjà servis aux Africains par le passé par des gouvernements français, notamment celui de
votre modèle, François MITTERRAND sans qu’ils n’aient été suivis d’application concrète.

En effet, la Françafrique ce n’est pas un simple mot ; c’est d’abord et avant tout, un réseau d’institutions
et de personnes mises en place par la France Coloniale depuis les années 60 et commises à la tâche de
maintenir dans le système colonial, les anciennes colonies d’Afrique de l’Ouest et Centrale officiellement
indépendantes.

Toutes les activités les plus criminelles et les moins recommandables telles les massacres des
peuples du Cameroun, du Rwanda, du Congo, de la Côte d’Ivoire, les assassinats ciblés de patriotes tels
Félix Moumié, Ouandié, au Cameroun, Boganda en Centrafrique, Olympio au Togo, Sankara au Burkina
Faso, les coups d’Etat divers et les agressions de toutes sortes ont été l’œuvre de la FrançAfrique.


Aujourd’hui la Françafrique, pour ce qui est de la face émergée de l’iceberg c’est :

1°- le maintien de la
monnaie CFA rattachée à l’Euro par le Trésor français et dont les 50% de réserves africaines sont à la
disposition de la France qui en use comme elle l’entend, y compris prêtées avec intérêt encore à ces mêmes
pays africains qui en sont les propriétaires. Autrement dit, la France garde le porte-monnaie des pays
africains ;

2°- la langue française instituée dans toutes les Constitutions des anciennes colonies françaises
d’Afrique comme langues officielles, alors que rien de tel n’existe pour l’anglais dans les Constitutions des
anciennes colonies anglaises comme le Ghana et le Nigeria par exemple ;

3°- le maintien des bases militaires
françaises sur le continent africain ;

4°- le maintien du pacte colonial consistant pour les anciennes colonies
françaises d’Afrique à pourvoir la métropole française en matières premières à bas prix (café, cacao, coton,
palmier à huile, arachide) et en richesses minières stratégiques comme l’uranium, le diamant, etc. et à
importer les produits finis de la même métropole.

La conséquence de cette situation, c’est que la plupart des
pays les moins avancés d’Afrique sont d’anciennes colonies françaises.
C’est dire que votre déclaration sur la fin de la FrançAfrique demeurera un vain mot ou une nouvelle
tromperie des peuples africains tant qu’elle ne sera pas suivie immédiatement d’actes allant dans le sens du
démantèlement du système colonial maintenu 52 ans après les indépendances et décrit plus haut. Et à cet 2
effet, les peuples africains n’ont-ils pas raison de douter de vous et de s’inquiéter ; d’autant plus que, plus de
cinq mois après votre élection à la tête de l’Etat français, le personnel diplomatique français dans nos pays et
qui sert de couverture à la Françafrique demeure celui mis en place par Sarkozy ?
Monsieur le Président,
En revisitant toute l’histoire coloniale mondiale, la France peut-elle être fière aujourd’hui de son œuvre
coloniale à la manière d’une Grande Bretagne à l’égard de ses anciennes colonies telles que les Etats-Unis,
l’Inde, le Canada, l’Afrique du Sud, le Nigeria ou le Ghana ; d’un Portugal par rapport au Brésil et à
l’Angola, d’une Espagne par rapport aux grands Etats sud-Américains ? La France peut-elle être fière de
voir ses anciennes colonies être les Pays les Moins Avancés de la planète à l’image d’un Haïti, l’Etat le plus
pauvre du sous-continent américain ou des pays d’Afrique ? Est-elle fière de jouer toujours au Gendarme
derrière des pays africains « Eternels Enfants mineurs » que l’on bombarde à l’envi et au nom desquels on
doit parler dans les instances internationales comme actuellement le fait votre Gouvernement à
l’Organisation des Nations Unies dans l’affaire malienne ?


Ces réalités, Monsieur le Président, doivent interpeller toute conscience quelque peu éprise de justice et
de liberté et devraient amener tout gouvernement attaché à l’éthique et à la paix à changer de politique. C’est
dire que les peuples africains ne se contenteront plus de simples professions de foi, si merveilleuses soientelles.
C’est à des actes concrets que les peuples africains vous attendent. Ils vous attendent avec d’autant
d’impatience et d’espérance qu’ils ont suivi la campagne électorale de vous-même et des forces de gauche
qui ont permis votre élection à 51,7% par rapport à Sarkozy, 48,3%. Je peux parler ici des propositions
notamment des « Partis et Alliances de Partis composant le Front de Gauche » conduits par Jean-Luc
Mélenchon et dont l’essentiel a reçu l’appui de bon nombre de démocrates et de patriotes béninois. Il y était
nettement stipulé : « La suppression des bases militaires françaises en Afrique ; la nécessité de "Rendre aux
pays africains l’autonomie de gestion de leur monnaie CFA" ; Le transfert de technologie et l’aide au
développement d’une industrie de transformation sur place à partir des ressources agricoles et minières …».
Une telle politique au pouvoir en France réconcilierait à coup sûr celle-ci avec les peuples africains
qu’elle a asservis, soit par la colonisation, soit par la néo-colonisation.
Si comme cela se dessine, vous tournez dos à ces aspirations des peuples africains, traduites en
propositions du Front de Gauche, si vous tournez dos à cette frange non négligeable du peuple français qui
s’est retrouvé en elles et qui ont porté sur vous son suffrage, si donc votre déclaration de Dakar ne représente
qu’un cache-sexe pour couvrir le maintien de la FrançAfrique, alors il ne restera aux peuples africains que le
recours à toutes les formes de luttes patriotiques pour accomplir la mission historique, celle de se libérer du
néocolonialisme français et arracher leurs droits d’êtres libres, d’êtres souverains sur la terre de leurs aïeux,
l’Afrique
Avec le respect dû à votre haute fonction, je vous prie de recevoir, Monsieur le Président de la
République Française, l’expression de nos sentiments patriotiques.
Cotonou, le 15 Octobre 2012.
POUR LA COORDINATION
DE LA CONVENTION PATRIOTIQUE DES FORCES DE GAUCHE
Le Président,
signature illisible
Philippe NOUDJENOUME

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