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KANLENTO-AVULETE "vaillant combattant, nous devons lutter"
31 août 2011

TOGO

Message d’amitié d’Alexandre Ayawo AMORIN,

à tous ceux qui participent à la manifestation du 31 juillet 2011


J'aurais voulu être ici, parmi vous, vous qui avez choisi de sacrifier votre après-midi de dimanche, pour participer à cette manifestation d'amitié pour votre compatriote, notre frère, notre ami, notre camarade Tavio, qui a été arraché à la vie à un âge où on construit un projet de vie pour sa famille, pour son pays s'agissant de ceux qui ont choisi de servir leurs concitoyens et pour soi-même.

Je salue mon ami, mon camarade Claude Améganvi qui consacre sa vie à ce que nous appelons « combat démocratique », c'est-à-dire la bataille pour les droits de l'homme et pour la liberté sans exclusive, la lutte pour l'éveil des consciences, la guerre contre la bêtise humaine, c'est-à-dire la propension de quelques-uns à commettre des crimes là où le débat devrait départager les uns et les autres. Au détriment de sa vie de famille.

Merci à vous tous, Merci à toi Claude.

Tavio a été fauché par des gens qui détestent la vérité, la transparence, la loyauté pour son pays.

Nationaliste panafricain, issu d'une famille de nationalistes, Tavio a été élevé dans un environnement où la politique fait partie de la vie. Parce que la politique, c'est la vie.
Tavio s'est donné ce que notre grand-frère Joachim Agbobli, mort assassiné, appelait « la culture politique » pour pouvoir faire de la politique.

Ceux qui ont connu Tavio peuvent témoigner qu'il était amoureux de la vie.
Oui, il aimait la vie, il respirait la vie. Il aimait la fête.

Les Togolais l'ont découvert à l'occasion de la Conférence Nationale Souveraine de 1991, conférence que tous nous pensions être le point de départ d'un Togo fraternel, uni, prêt à affronter son destin de pays de notre temps après ces années de dictature implacable de Etienne Gnassingbé Eyadéma que nous étions pressés de voir au musée des horreurs.
Quelle naïveté.

La transition, que d'aucuns souhaitaient courte et qui devrait pré parer notre pays à entrer dans la démocratie, allait devenir pour le peuple togolais un véritable chemin de croix.
Jésus avait eu 14 stations et déjà nous trouvions cela trop long, trop injuste.
Que dire alors à celui réservé aux Togolais et qui durent des décennies.
Le Togo est comme plongé dans une espèce d'enfer. Des vies ont été fauchées par milliers, d'autres ont été à jamais brisées. La terreur a jeté nos compatriotes sur les routes de l'exode.

De retour d'une mission en Syrie, j'ai retrouvé Tavio en ville le 22 juillet en milieu de matinée, comme toujours en costume. Je l'avais trouvé emprunté, pas aussi relax que je l'ai toujours connu. Je me suis dit qu'il avait été contrarié par un de ses collègues du HCR. Et on s'est donné rendez-vous pour l'après-midi. Le rendez-vous n'eut pas lieu.

Le soir du 23 juillet 1991, j'étais devant la maison de Papa Paulin Freitas attendant qu'on vînt m'ouvrir le portail car je devais rendre visite à Elpidio Freitas. Soudain, un véhicule s'arrêta à mon niveau et une voix m'interpella : « Atavi, on a tiré sur Tavio. Ensemble avec Elpidio nous nous rendîmes au CHU Lomé Tokoin où s'était déjà rassemblé beaucoup de nos compatriotes. Il y avait beaucoup d'agitation et beaucoup de tension.
Les membres du corps médical, parmi lesquels le professeur Ahouangbévi et le Pr James accourus à son chevet, étaient harcelés par tous ceux qui étaient présents et qui voulaient avoir des nouvelles de Tavio.

Tavio fut opéré avec succès mais il n'était pas sorti d'affaire. Le lendemain, la décision fut prise de l'évacuer vers la France, où les structures médicales permettaient une meilleure prise en charge des blessés de cette nature.
Il fut transféré à Paris et c'est là où il rendit l'âme le 29 juillet 1992.

Tavio n'est pas décédé des suites de maladie ou d'un accident de la route.
Tavio ne s'est pas suicidé. Non. Il a été assassiné par des gens qui ont pris la liberté de donner aux autres la mort.

Je trouve cela terrible car la mort est irréversible.
Je ne connais aucun un être vivant, à part Notre Seigneur Jésus, qui s'est relevé après avoir été tué. Je n'en connais aucun.
Ce que nous avons vécu n'est pas la scène d'un film où, à la fin de la prise de vues, on demande aux blessés et aux morts de se relever et de rentrer chez eux.
Nous sommes dans la réalité qui fait hélas partie du quotidien des Togolais.
L'assassinat de Tavio est pour nous, est pour moi, un cauchemar.
Ce cauchemar ne prendra fin que lorsque nous saurons qui a donné l'ordre de le supprimer, qui l'a inspiré et pourquoi. Je n'aurai de cesse de traquer la vérité et le jour où je saurais tout, je me sentirais redevenu moi-même. Enfin.

Lorsque nous parlons de la fin de l'impunité, certains entendent vengeance, mise à mort des assassins.
Le fait de tuer les assassins de Tavio ne lui rendra pas la vie.
Le fait de les jeter en prison ne le ramènera pas à la vie.

Pour nous la fin de l'impunité passe par la recherche de la vérité, la contrition des auteurs des ces crimes ignobles qui ont endeuillé et qui continuent de frapper de nombreuses familles et surtout que les criminels prennent l'engagement solennel de renoncer définitivement à occire leurs compatriotes.

La politique, ce n'est pas la guerre.

Qui êtes-vous pour vous arroger le droit d'enlever à d'autres la vie ?

Oui, qui êtes-vous ?
Qui êtes-vous pour décider du sort des autres ?
Oui, qui êtes-vous ?

Il faut que cesse dans ce pays le poison de la haine que le RPT a instillé dans la population et qui pousse des Togolais à vouloir là mort d'autres Togolais.

Il faut que le changement que nous appelons de nos vœux arrive car le peuple est fatigué de subir ce régime réfractaire au droit et à la vie, ce système qui a pris en otage le Togo et les Togolais.

Nous voulons un Togo avec des citoyens libres et égaux en droit,
Un Togo avec des citoyens-patriotes.
Des hommes de talent capables de travailler à son développement.
Nous sommes fatigués de pleurer.
Nous sommes fatigués des assassins.
Nous sommes fatigués d'entendre tout le temps des menaces de mort.

Togolais debout !
Debout pour arrêter cette machine infernale.

Fait à Lomé le 31 juillet 2011
Alexandre Ayawo AMORIN

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