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KANLENTO-AVULETE "vaillant combattant, nous devons lutter"
18 février 2011

CONGO BRAZAVILLE

A quand son tour ?

jeudi 17 février 2011

Au dessus de la Constitution règne le Peuple.

Après s’être battu comme un diable, Hosni Moubarak a finalement jeté l’éponge. Non, on ne pourra pas dire qu’il n’a pas défendu avec hargne son fauteuil. Puis il s’est rendu à l’évidence : on ne peut rien contre la volonté du peuple. La Constitution est l’Institution suprême d’un Etat. Mais il existe une chose au dessus de la Constitution, entre Dieu et la Constitution. Cette superstructure située au dessus des Textes Fondamentaux, c’est le PEUPLE. Avis à ceux qui s’abritent derrière la Constitution pour justifier leur longévité au Pouvoir. Ce n’est point un paravent absolument tabou. On entend souvent : "Je suis le Président constitutionnellement élu". Traduction : personne ne me fera partir du pouvoir.

Eh bien non, les Tunisiens puis les Egyptiens ne l’ont pas entendu de cette oreille. Ces deux peuples ont marché sur leurs Présidents "constitutionnels", "garants de la Constitution". Le résultat est là : ils ont eu le dernier mot, battant à plate couture leurs Constitutions. La voix du Peuple est au dessus de la Constitution. C’est la voix de Dieu. Que ce Dieu s’appelle Allah, Yahvé ou Osiris, là n’est pas la question. Ce Dieu reste le garant métaphysique du pouvoir.

Donc exit Hosni Moubarak.

Tout le monde se demande désormais : "A qui le tour ?". Chacun lorgne désormais vers l’Algérie, pays où règne un Président constitutionnel. Le Yemen aussi s’y est mis. Ca gronde. La vague de contestation se dirige vers les Emirats Arabes, vers l’Arabie Saoudite où les Constitutions s’appuient sur des bases irrationnelles. Colonel Kadhafi a appris dès hier à compter avec la contestation de son pouvoir multidécénnal. Plus près de nous, Paul Biya et son RDPC, ont manoeuvré avec la Constituion pour se maintenir au pouvoir depuis bientôt trois décenies. Chez nous, la Constitution, manipulée dans tous les sens, a servi d’alibi au monarque local pour se reproduire indéfiniment au pouvoir après le coup d’état du 5 juin 1997.

A qui le tour ?

Ceux qui posent la question en faisant le tour de la situation, se tournent vers l’Afrique Noire bastion indestructible de la tyrannie. Les similitudes entre le comportement clanique des Ben Ali et autres Hosni Moubarak et le clan Sassou-Nguesso sont frappantes. Comme les dictatures adorent se copier et se reproduire à l’identique ! Tyrans noirs, arabes, roumains, romains : même combat. Par une relation de cause à effet, point n’est besoin d’être clerc pour conclure que ce qui est arrivé aux clans des dictateurs maghrébins arrivera inéluctablement aux clans des potentats noirs d’Afrique de l’Ouest, de l’Est et du Centre, lieux où le nombre de dictateurs par km2 avoue une inquiétante densité. La question n’est pas "A qui le tour ?" puisque la chose est entendue. Rien, en ce bas monde n’est immuable. En parlant donc de notre Moubarak à nous, la vraie question est : "A quand son tour ?"

Le surhomme

Oui mais comment démolir ces clans fort nuisibles pour la santé publique, pour la santé des peuples et des populations ? D’où viendra le surhomme nietzscheéen, le Zarathustra congolais qui tirera la ficelle ?

"Il n’y a pas d’opposants ayant des couilles bien suspendues" se plaignent amers les Congolais épris de justice et de liberté, mais surtout soucieux de ne plus voir Sassou et son clan "insatiable" au pouvoir. "Insatiable" est un doux euphémisme pour qualifier l’oligarchie des Nguesso. Notre confrère MWINDA-Press vient encore d’illustrer ce jeudi 16 fév 2011, la boulimie de cette famille originaire d’Oyo : ciel, mer terre, pétrole, forêt, eau, téléphonie, tout est accaparé par elle. "Kinfoussia, Ndzon, Miokono, Ngoulondélé, Mbaya, Nguitoukoulou, Nkouta où êtes-vous pour galvaniser les peuples ? " réclament les Congolais.

"Ce sont des structures molles" critiquent les observateurs. "Ne comptez pas sur eux pour demander des comptes à Sassou" sermonnent les Cassandre.

Il y a de quoi en effet perdre espoir. Voyez comment un général, le professeur Anselme Makoumbou, vient se répandre en jérémiades dans La Semaine Africaine repris par MWINDA au moment où un croupier dirait : "Faites vos jeux !". Privé de salle de conférence que son parti a dûment payé (se plaint-il) , que pensez-vous que le général Makoumbou a fait dans un contexte où les jeux étaient en train de se faire en Tunisie et en Egypte ? Eh bien rien. Après avoir avalé la couleuvre, il a rasé les murs jusqu’au siège de son parti, sans demander son reste. Au lieu de taper du poing sur la table, comme de Gaulle face aux nazis, le général Makoumbou a juste utilisé l’écriture en sollicitant la tribune d’un site congolais. Certes, dans un pays où on n’hésite pas de zigouiller 360 personnes en une après-midi (cf. Affaire du Beach en 1999), il y a de quoi réfléchir par deux fois avant de démarrer au quart de tour. Mais tout de même, mon général, à quoi vous attendiez-vous en demandant une salle à Sassou pour...critiquer son pouvoir ! Qu’il allait vous la donner sourire aux lèvres ? Et puis, pourquoi demander et payer une salle pour exprimer des idées subversives pour le régime ? N’est-ce pas eux-mêmes qui nous ont enseignés que le pouvoir ne se donne pas ; il s’arrache ? Les Tunisiens ont-ils demandé une autorisation avant d’occuper la rue ? Vous voulez être corrects avec des gens qui ne le sont pas. C’est quoi cette stupidité d’être plus royalistes que le roi ! A qui Sassou demande-t-il autorisation pour faire un meeting ? Quand Mvouba s’est employé à injurier la France dans l’affaire des Biens mal acquis, a-t-il demandé permission avant de faire un meeting en salle devant des figurants r-décéens ? Mon général, arrêtez de vous mettre au garde-à-vous ! Rompez ! En vérité, en vérité, on vous le dit : "il est plus facile à un chameau d’entrer dans le trou d’une aiguille qu’à un leader congolais de prendre le risque de jouer avec Sassou". J’ajoute, en vérite : un mouvement social n’a rien à fiche d’un leader ou d’un panel "intellectuels organiques" (Antonio Gramci) attachés à leur petite santé.

Mouvements sans leaders

Si on met au défi les Tuniens et les Egyptiens de citer un seul leader d’opposition avant les révolutions de jasmin et de papyrus, ils feront tous chou blanc. Normal, ce ne sont pas des Kinfoussia locaux et des Ndzon indigènes qui ont suscité les mouvements sociaux. Un chômeur tunisien, vendeur de fruits et légumes s’immola un jour dans la rue. Le feu partit de là en Tunisie. Puis les blogueurs se mirent à jeter l’huile d’olive sur le feu. On connaît la suite. Le clan Ben Ali fut totalement carbonisé, en moins d’un mois. A-t-on toujours besoin de leaders pour porter dans le champ de la contestation les besoins du peuple ?

Tunisiens, Egyptiens et (bientôt) les Libyens n’ont pas eu besoin d’être stimulés par des leaders d’opposition. En Egype, le seul parti d’opposition structuré, Les Frères Musulmans, n’a même pas été de la partie. Il fut même pris de court. L’ancienne antienne marxiste reste d’actualité : "ce sont les peuples qui font les révolutions".  En l’occurrence l’histoire en cours dans le Maghreb a été initié par le communs des mortels. Internet a pris le relais. Quatrième (voire cinquième) pouvoir, la toile est un filet mortel redouté par les dictatures. Voilà pourquoi, anticipant sur les vertus de cette force virtuelle, le régime congolais ne ménage aucun effort pour transformer le territoire en un désert culturel à ce sujet. Mais c’est un travail de Sisyphe que celui auquel s’attelle le clan d’Oyo. La France crut arrêter le nuage de Tchernobyl à la frontière. Le régime de Kimpila-Brazzaville croit stopper le réseau internet aux limites extérieures du Congo.

Le nuage nucléaire se fiche des frontières ; le nuage électronique également. Les blogs congolais commencent à se multiplier. Tout comme les sites. Ces sites citent à foison, sans censure, sensure et césure, les dérives du clan. Point besoin d’un leader pour que la question "à qui le tour ?" trouve réponse. L’autodafé qui a déclenché l’incendie politique tunisien trouve au Congo un paradoxal équivalent pyrotechnique et pyromane chez les membres du clan Nguesso. Pensez que ces membres s’amusent à jeter chaque jour (au propre comme au sens figuré) le pétrole sur le feu en l’alimentant aussi de bois. A force de légitimer l’impunité ils augmentent les raisons de la colère d’un peuple meurtri qui n’a plus rien à perdre.

Sassou dégage !

Jusqu’à quand contiendra-t-on ce feu qui brûle ? Jusqu’à quand puisque les jeux sont déjà faits. La question n’est même plus "A quand son tour ?", elle se métamorphose en un axiome, impératif et catégorique : C’EST SON TOUR !

Hypolite Abissa

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