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KANLENTO-AVULETE "vaillant combattant, nous devons lutter"
18 février 2011

LIVRE

Le rôle de la femme dans une dictature

jeudi 17 février 2011

1. INTRODUCTION.-

Après les deux révolutions Tunisienne et Égyptienne, le rôle de la concubine dans la gestion d’une dictature ou d’un autoritarisme devient prépondérant. Derrière un dictateur se cache toujours une femme puissante. Les dictateurs abhorrent le célibat. Deux ouvrages sont à la une de l’actualité politique. Le livre récemment écrit par Diane Ducret, Femmes de Dictateur ; et La Régente de Carthage, le livre écrit par Nicolas Beau et Catherine Graciet (éditions La Découverte, 178 pages).

Ce dernier ouvrage était prémonitoire, car il fut écrit en 2009 ! La place de la femme dans la gestion d’une dictature politique est capitale comme le montrent les cas tunisiens, égyptiens, dans le Maghreb et des cas récurrents en Afrique au sud du Sahara. Selon nos recherches, l’histoire du féminisme et sa collusion avec une approche inédite du capitalisme, le lumpencapitalisme explique l’incarnation de la femme dans l’expression masculine de la dictature. Cette branche du féminisme que nous appelons "féminisme de l’assimilation" ou "l’antiféminisme" travaille à l’obscurcissement du capitalisme et y exerce son influence, non plus à travers le modèle patriarcal moribond, mais en y substituant un modèle matriarcal dominant par delà l’allocentrisme conjugal.

2. Le féminisme de l’assimilation et l’allocentrisme conjugal.

Nous vivons un début du 21 e siècle étrange. Nous saluons vers la moitié du 20 e siècle l’avènement du féminisme. Celui-ci avait pour ambition de nous conduire à une émancipation économique et sociale en affrontant le capitalisme dans ses fondements idéologiques : contre l’exploitation éhontée de l’homme générique par l’homme ; contre la servitude de la femme ; contre les mariages forcés ; la protection des veuves et des orphelins, contre l’obscurantisme de la gérontocratie, etc.

Le féminisme fut même épaulé par la jeunesse progressiste. Mai 68 sur les murs de la Sorbonne : "Nous ne voulons plus d’un monde où la garantie de ne pas mourir de faim, s’échange avec le risque de mourir d’ennui et de servitude" (sic). Quelle déception aujourd’hui !

Un antiféminisme, le féminisme de l’assimilation, non pas du fait de l’homme, mais de la femme elle-même, est entré en collusion avec le lumpencapitalisme ou le sous-capitalisme. Tous deux ont aliéné l’homme en exigeant de lui à effectuer des marchés avant de conquérir la femme. Les conditions de dépendance économique que l’homme a créées dans son foyer conjugal, pour assujettir la femme ont engendré de façon imprédictible une seconde nature féminine, une curieuse aliénation, rebelle à la domination masculine : L’allocentrisme conjugal.

Dans le modèle patriarcal marchand et capitaliste, la femme asservie devient le centre d’intérêt de la vie de l’homme dans le sens de la métaphore biblique : " La pierre que les bâtisseurs avaient rejetée est devenue la pierre angulaire ".

Bien que démunie, la femme demeure le centre nerveux de la reproduction de l’espèce humaine. Elle donne la vie. L’homme s’instrumentalise par nécessité pour mieux la dominer et lui procurer du " bonheur ". Il manifeste un certain humanisme. La métaphysique de l’amour est une autre affaire, plaident les Poètes. Dans l’œuvre littéraire de l’écrivain russe Léon Tolstoï, l’amour entre l’homme et la femme n’est pas conditionné dans le cercle d’un mariage. Dans cette nouvelle retentissante, Le bonheur conjugal, L. Tolstoï raconte la formation progressive d’un couple d’amoureux, Macha, l’héroïne et Serge Mikhaïlovitch. A trente six ans, Serge Mikhaïlytch pressentait avoir achevé sa vie ! Il n’était plus un homme à se marier. En épousant Maria Alexandrovna, la fille de son voisin et ami défunt, Serge alla à l’encontre de son intuition première ; la petite violette Macha en devenant l’épouse de Serge, dut déchanter. A la séparation des mariés la femme sublime son amour conjugal déçu en amour maternel. L’union conjugale conduit avant tout à la reproduction de l’espèce animale. Le bonheur conjugal ne coïncide pas avec l’amour maternel.

Ainsi, pour monter les enchères, au vécu quotidien la femme manifeste des motifs d’insatisfaction permanente, des caprices soutiendront les romanciers ; elle conteste, elle reste indifférente à la logistique conjugale immédiate déployée par son homme pour l’assujettir. Ses proches, sa famille, l’exhortent à douter qu’elle ait fait le bon choix de l’homme de sa vie. Comme dans l’histoire du judaïsme, où les Juifs vivent dans une attente messianique opérante, la condition féminine dans l’histoire du capitalisme se caractérise par cette tendance, cette quête, ce comportement, à idéaliser les hommes capables, les autres, vrais messies, sauf son propre homme, comme centres d’intérêt immédiat. L’accumulation primitive du capital avait créé les conditions de précarité de la femme. Mise au ban de la société, cette dernière reste en attente d’un vrai messie mâle susceptible de la délivrer. Mais délivrée, devenue la pierre angulaire, elle dénie sa position centrale pour placer d’autres mâles, les plus offrants, au centre de ses intérêts. La femme devient l’inspectrice du modèle capitaliste. Elle n’est plus l’amante de l’homme. Quand elle rencontre un homme c’est cyniquement pour inspecter la capacité de l’homme à consommer en dénombrant ses signes extérieurs de richesse. Nous relatons cette conversation burlesque tirée de Amanie, film ivoirien de Gnoan M’Bala :

.- Tu as la voiture ? .- Oui, une Ford ; .- Tu as la villa ? .- Oui elle est à Cocody. .- Tu as la télé ? .- Oui une Thomson. .- Tu n’as pas de femmes ? .- Même pas une fiancée. .- Tu as le téléphone ? .- Non. .- C’est dommage.

Si cette capacité n’est pas conforme au modèle capitaliste, elle change de partenaire jusqu’à trouver l’homme idéal défini par le pouvoir dominant. La famille capitaliste patriarcale est bâtie sur une instabilité chaotique permanente.

3. Le lumpencapitalisme ou le sous-capitalisme.

Ce n’est point seulement l’augmentation de son pouvoir d’achat ou de consommation des objets de ses rêves que recherche la femme auprès du mâle dominant, mais le prestige, la sécurité, la richesse, l’influence, la célébrité, le pouvoir.

Si l’homme acquiert et affiche, ces valeurs distribuées de façon autoritaire par la classe politique régnante dans la société, il peut ainsi préserver les valeurs dominantes dans son foyer familial que sont l’autorité, la soumission de la femme, le respect, l’obéissance, le sens de l’honneur et de la tradition. De sorte que la famille patriarcale est un sous-modèle de la bourgeoisie dominante. Il règne entre les hommes une véritable lutte darwinienne pour l’existence. De crainte d’un renversement des rapports d’autorité au sein de son propre foyer conjugal, l’homme tendra à se rapprocher des groupes dominants habilités à allouer, à transférer les valeurs autoritaires de la société. Exercer la politique c’est gérer une carrière professionnelle en confisquant malicieusement par la terreur le pouvoir politique. Sa conservation assure le contrôle des ressources de l’État. Celles-ci garantissent un pouvoir d’achat maximal dans la société. L’archétype du " messie " convoité est tout naturellement le Prince ou tout membre de la nomenklatura régnante. La gestion par la terreur des entreprises n’épargne plus aucun corps de métiers. Il faut accumuler au palais et aux lieux de villégiature du prince toutes les richesses de la nation.

Tel est le paradoxe de ce modèle dont les effets de domination dans les pays sous-développés sont illustrés par le cycle infernal : argent – consommation – argent – consommation, etc. L’économie sous-développée est affectée par la quête pécuniaire immédiate pour la consommation immédiate.

L’État libéral sert les intérêts du capital. L’État libéral n’est pas au service du peuple. Celui-ci doit servir le capital. L’État libéral distille à travers ses institutions, l’école, la santé, la police, les administrations, la justice, la logique du capital, la logique de la rentabilité. Toute force de travail doit être rentable. Autrement, elle est exclue du marché du travail. Le travailleur au contrat à durée déterminée, l’honnête homme, l’intellectuel éloigné des groupes dominants, le travailleur auxiliaire, l’artiste, le locataire des quartiers défavorisés, le demandeur d’emploi, tous ces reclus, de la société de consommation assistent avec impuissance la désagrégation de leurs foyers familiaux. Quand, dans les banlieues, la violence symbolique n’arrive pas à assimiler les citoyens à la logique du capital, l’État libéral procède par des méthodes de contraintes.

La paresse, le chômage sont perçues comme des ennemis du capital. Si la femme accède au pouvoir politique ou économique convoité, elle ne modifie pas les règles d’avancement dans la hiérarchie de la bourgeoisie pour repêcher une multitude de recalés. L’objectif n’est point de changer les injustices causées par la société libérale. La femme s’installe et gère sa réussite, son admission dans le modèle masculin dominant. Cependant la femme aliène le modèle patriarcal et y substitue un modèle matriarcal qui obscurcit le capitalisme, car le but n’est pas son expansion progressive ni son développement durable, mais la prédation des richesses de la nation. Le capitalisme stagne, engendre le sous-développement économique d’un pays, car une superstructure idéologique interne ou externe s’oppose à une accumulation du capital social, à une reproduction élargie de la forme capitaliste dans ce pays. On parle de souscapitalisme, de sous-développement, mieux de lumpencapitalisme. Celui-ci participe du fondement du féminisme de l’assimilation. A son tour, ce dernier a instauré la servitude ignominieuse de l’esprit par le corps humain. De sorte que le christianisme paraît comme une anomalie dans l’histoire du capitalisme. L’histoire de l’Occident offre à la face de l’humanité ce spectacle révulsif, contrairement aux prévisions de Max Weber, l’esprit du capitalisme, l’exploitation de l’homme par l’homme, s’oppose radicalement à l’éthique chrétienne que symbolise l’amour de l’être.

L’apport considérable de Sigmund Freud au vingtième siècle dans Malaise dans la civilisation avait été d’introduire la dimension singulière dans l’histoire de l’humanité. Une histoire non macroscopique façonnée par les rapports de conflit, d’entente et de négociation de l’espace intime furtif entre l’homme et la femme. Une histoire de l’humanité non cumulative, non évolutive, non physico-téléologique, évoluant du mauvais côté, comme le prophétisera Karl Marx, subversive et corruptible, échappant à la prégnance de la raison classique. La peur de perdre son autorité conjugale dans son propre foyer pousse l’homme à accumuler beaucoup plus d’autorité dans la classe politique dominante pour en étaler ses signes extérieurs : le prestige, la sécurité, la richesse, l’influence, le pouvoir.

Le bourgeois n’est pas un homme libre. Pour garder sa femme avant que la mort ne les sépare et satisfaire aux caprices de sa femme, l’homme convoite un seul métier au monde : être dictateur. La crise du foyer conjugal est donc résolue, puisqu’il n’ y a plus de crise financière dans les rapports homme - femme. La bourgeoisie régnante se trouve ainsi aliénée, dirigée, guidée, instrumentalisée par une force extérieure dont la prégnance lui échappe. La femme, paria de la société, demeure implacablement régulatrice du consensus social.

4. Le livre de Diane Ducret.

Présentation de l’éditeur. Elles s’appellent Nadia, Clara, Magda, Jiang Qing, Elena, Catherine, Mira,…Ils s’appellent Lénine, Mussolini, Staline, Hitler, Salazar, Mao, Ceausescu, Bokassa, Milosevic. Epouses, compagnes, égéries, admiratrices, elles ont en commun d’être à la fois amoureuses et triomphantes, trompées et sacrifiées, parfois jusqu’à la mort. A leurs hommes cruels, violents et tyranniques, elles font croire qu’ils sont beaux, charmeurs, tout puissants. Car la sexualité est l’un des ressorts du pouvoir absolu, et les dictateurs ont besoin d’enrôler les femmes dans leurs entreprises de domination.

Diane Ducret raconte par le menu les rencontres, les stratégies de séduction, les rapports amoureux, l’intervention de la politique, et les destinées diverses, souvent tragiques, des femmes qui ont croisé le chemin et passé par le lit des dictateurs.

Nkalu Balonda

Femmes de dictateur, Diane DUCRET, Parution : janvier 2011, ISBN : 978-2-262-03491-7, Pages : 360, Éditeur : Perrin.

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