RÉACTION À UN ARTICLE D'AFRIQUE ÉDUCATION À

RÉACTION À UN ARTICLE D'AFRIQUE ÉDUCATION

À Monsieur Jean-Paul Tedga,
Rédacteur en chef du journal Afrique Éducation
 

Monsieur,

Votre journal porte le titre "Afrique Éducation". Cela suppose que vous vous êtes assignés une noble mission : essayer d'éduquer la jeunesse africaine, l'aider à trouver les voix et moyens pour libérer l'Afrique de la main de ses oppresseurs; lui enseigner la science, c'est à dire lui dire la vérité sur tous les plans :plan socio-politique, économique, culturel, etc. Bref prendre position pour cette jeunesse en perdition.

Mais grande est notre déception de constater avec amertume que vous prenez position pour ceux-là même qui nous oppressent, nous pourchassent en nous mettant sur les routes de l'exil. En l'occurrence pour le Général Eyadéma. Pour preuve, votre éditorial (au secours des idées) N° 84 intitulé: INTOLERABLE HYPOCRISIE DE BRUXELLES. Dans votre "secours des idées", vous faites des analyses abjects, des affirmations gratuites. De grâce, faites attention pour la crédibilité de votre revue.

Monsieur Jean-Paul Tedga, Savez- vous ce qui se passe réellement au Togo? (début de votre article)
Ne disons pas ce que vous les médias-mensonges vous reportez. Ce qui se passe au Togo a commencé depuis le 13 janvier 1963 - et non en 1993 comme vous tentez de l'affirmez gratuitement - où pour la première fois dans l'histoire de l'Afrique contemporaine, un Chef d'État, Sylvanus Olympio, père de l'indépendance du Togo, a été assassiné par Eyadéma avec la main de la France impérialiste. Depuis cette date, Etienne Eyadéma, donna l'exemple à toute l'Afrique: Eyadéma a fait le lit de la dictature.  Depuis le 13 janvier 1963, le Togo sombra. Malgré cet assassinat ignoble, la coopération avec le Togo s'est poursuivie. Si, en 1993, l'Union Européenne a décidé de couper court avec la dictature en place au Togo, c'est parce qu'elle a finalement compris que l'aide ne profite qu'à une poignée d'individus qui s'en sert pour remplir leurs poches; tout ceci au détriment de la population togolaise. Conclusion partielle: vous êtes donc, en retard de 30 ans sur l'histoire du Togo. C'est extrêmement grave pour celui qui prétend donner une éducation.

"... Le Togo a été bâti sur des fondations solides."
Non et non!  Le Timonier National règne sur notre cher pays avec une" stratégie de la terreur" ( cf. un livre écrit par Claude Améganvi et Me Ahlonko Robert Dovi): violations massives des droits de l'Homme, tortures, assassinats, gabegies, viols, etc.. (cf. rapport d'Amnesty International d'octobre 1999). Bref, crimes de sang et crimes économiques.

"... La Communauté financière Internationale agit comme si elle voulait déstabiliser le Togo."
Le Togo est en permanente déstabilisation. Ceci en fonction de pratique autocratique du Général Eyadéma avec ses commandos de la mort. Au Togo, même chez soi, on se sent en exil. On a peur des fréquents descentes des commandos de la mort.

"... À qui on reproche d'avoir truqué la présidentielle de juin 1998 et d'entretenir une assemblée nationale monocolore..."
Monsieur Jean-Paul Tedga, Qui est ce "on"? L'évidence de la victoire de Gilchrit Olympio saute aux yeux. Eyadéma a été battu à plate couture même dans sa ville natale, Kara. Alors, ne nous dites pas que vous n'avez pas entendu de cette victoire historique que le Général a encore confisquée. Vos collègues journalistes en ont largement parlés dans la presse internationale. Votre affirmation est surprenante.

"... Pour montrer sa bonne foi, Gnassingbé Eyadéma a pris la sage décision de ne plus se présenter à la présidentielle de 2003."
On dit chez nous en proverbe éwé que" le voleur qui ne meurt pas ne finit pas de voler". Eyadéma n'a pas de notion de bonne foi. Nous avons l'impression que vous ne connaissez pas la véritable nature de " l'homme du 13 janvier " que vous fréquentez et défendez becs et ongles dans votre journal. Vous autres, n'avez qu'une vague idée sur l' image de marque que Panou et compagnies lui soignent à l'extérieur.

- Pourquoi défendez-vous une cause perdue, Monsieur Jean-Paul Tedga?
- Dans quel intérêt, l'Union Européenne, qui a longtemps octroyé de l'aide au Togo, va-t-elle prendre partie, de façon grossière dans le débat interne chez ses partenaires?
- Y a-t-il débat interne au Togo? Lorsque, à tout bout de champ les journalistes sont pourchassés, les informations sont censurées, les citoyens sont arrêtés arbitrairement?

Nous connaissons mieux que vous, Camerounais, l'homme à qui nous avons à faire. Eyadéma que vous encensez comme "démocrate", ne connaît qu'un seul langage, celui de violence, guide de sa gestion quotidienne de la chose politique. Alors, vous comprenez que le Togo n'a rien à obtenir en retour. Les peuples du Togo ne souhaitent qu'une chose: le départ sans condition du général Eyadéma. Dès qu'ils auront gagné ce combat, l e Togo recevra en retour l'aide extérieur avec des Hommes nouveaux issus du peuple.

Enfin, reprenant votre conclusion: " le jeu politique suppose que les règles établies soient respectées par tous."
Une fois encore, connaissez-vous l'homme de l'assassinat du 13 janvier 1963? Depuis quand a-t-on métamorphosé un dictateur en démocrate? Eyadéma ne respecte personne et ne respecte aucune règle. Peut-être votre ami et collaborateur Atsutsé Agbobli, qui a longtemps vécu en exil et qui est retourné servir la dictature, peut vous décrire l'homme s'il veut être sincère avec vous. L'Union Européenne ne demande qu'une seule chose au régime en place: " la poursuite du développement de la démocratie, la promotion de l'État de droit et la stabilité des institutions."

L'hypocrisie ne se trouve pas à Bruxelles, mais à Lomé 2 que vous fréquentez.
 

Belgique, 14 mai 2001
Maurice Mouta Wakilou Gligli
Porte-parole de Togo Libre, parti d'opposition en exil